Votre magazine
numérique !
N°175
septembre 2023
S'informer
RECHERCHE
Des fonds pour une recherche de proximité
Face à l'augmentation de la prévalence de la maladie rénale chronique, la recherche en santé rénale en France a besoin plus que jamais de soutiens financiers. France Rein, déjà présent dans des comités scientifiques ou des groupes de travail en lien avec la recherche, comme ComPaRe (Communauté de Patients pour la Recherche abritée par l’AP-HP) ou le groupe de travail "Les patients au cœur de la recherche clinique" de l’AFCROs, soutient également la recherche en attribuant des bourses pour différents projets de recherche.
De 2002 à 2015, l'association a financé plusieurs projets en partenariat avec la Fondation du Rein. En 2016, France Rein approche une chercheuse en direct, Aurélie Untas, psychologue et maître de conférences en psychopathologie à l'université Paris-Descartes et lui délivre 30 000 € pour mener à bien son projet "Améliorer la prise en charge de la douleur en dialyse à travers l'étude de facteurs psychologiques". Même si la pandémie de Covid-19 a fortement perturbé le système de dons, au total jusqu'en 2022, 23 bourses de recherche avaient été allouées pour un montant global de 442 000 €. Cette année, France Rein s'est associée à la SFNDT pour financer un nouveau projet de recherche dans le domaine de la maladie rénale.
La SFNDT, un vaste éventail de subventions
La SFNDT (Société Francophone de Néphrologie Dialyse et Transplantation) délivre chaque année plusieurs bourses et subventions à de jeunes médecins ou chercheurs, en cours de cursus, pour leur permettre de mettre en œuvre un projet de recherche ou des travaux scientifiques porteurs d'espoir pour de nombreux patients. La palette d'allocations est variée et s'articule autour de la prévention de la maladie, l'amélioration des traitements, la lutte contre le rejet de la greffe rénale, etc. : une bourse de recherche "néphrologie solidaire" d'un montant de 20 000 € maximum, une subvention de recherche pour un projet "IRCT-DIALYSE" soutenu à hauteur de 20 000 € maximum sur une période d’un an dédié à l’insuffisance rénale terminale (hémodialyse, dialyse péritonéale) ou à l’insuffisance rénale chronique (mécanisme, progression, complications, préparation au traitement de suppléance), une allocation de "Recherche -Thèse d’université" de 45 400 € ayant pour but d'assurer le salaire pendant de la troisième ou quatrième année de thèse d'un chercheur en néphrologie, une subvention de recherche en néphrologie ou transplantation de 20 000 € maximum, une allocation "Master 2" a pour but de financer le salaire d'un étudiant médecin (38 600 €) effectuant son année de Master 2 dans un laboratoire français ou francophone, membre de la SFNDT et enfin une subvention de recherche en épidémiologie de 20 000 €.
Une étude sur l'anxiété
Parmi tous les chercheurs qui sollicitent leur soutien, la société savante a sélectionné plusieurs projets pour les proposer à France Rein.
« Ceux qui nous aident et nous soutiennent espèrent des résultats rapides et concrets » explique Jan Marc Charrel, président de France Rein.
« Nous écartons a priori les projets de recherche fondamentale pour privilégier ceux pouvant avoir des retombées à court terme pour la qualité de vie des patients. Cette année, nous avons voulu privilégier une étude sur l'anxiété des patients à l'occasion de la première visite chez le néphrologue. »
Cette étude quantitative est conduite sur un petit panel de patients par Clémence Béchade, néphrologue au CHU Caen Normandie, et devrait délivrer ses résultats dans le courant de l'année prochaine. Les 15 000 € du prix France Rein seront remis à la chercheuse par Jan Marc Charrel lors du huitième congrès de la SFNDT qui doit se tenir à Liège, en Belgique, du 3 au 6 octobre 2023.
Mais aussi des initiatives privées
Il est important de signaler certaines initiatives individuelles comme celle de Rémi Reibel, l'un de ces particuliers qui n'hésitent pas à s'investir corps et âme pour récolter des fonds. Atteint depuis la naissance d'une déformation sévère de l'appareil urinaire, Rémi est entré en dialyse dès l'âge de 10 ans, a subi une première greffe rénale à 33 ans puis une seconde il y a trois ans après le rejet de son greffon. Journaliste-rédacteur dans la région lyonnaise, il a su faire jouer ses contacts personnels et professionnels pour organiser un événement caritatif au profit de la recherche sur l'insuffisance rénale et également sensibiliser au don d'organe, y compris de son vivant.
Le 9 mars dernier, au château de Lacroix-Laval, à l'ouest de Lyon, 110 convives issus d'univers professionnels différents, ont participé à sa soirée "gourmandise et élégance artistique" où le plaisir des yeux se conjuguait à celui des papilles :
le dîner préparé par les élèves du Centre de Formation des Apprentis de la gastronomie
Auvergne-Rhône-Alpes, sous la houlette du chef étoilé Christian Têtedoie se déroulait au milieu des œuvres de l'artiste plasticienne et illustratrice Ingrid Ranquet et du collagiste David Turc. Les invités pouvaient acquérir leurs créations à l'occasion d'une tombola. Ce sont donc 6 000 € qui ont été récoltés lors de cette soirée et remis officiellement le 26 mai dernier par chèque à Jan-Marc Charrel, président de France Rein, pour financer la recherche sur l'insuffisance rénale.
Le groupe Koesio, une société de services grenobloise, n°1 des services numériques des PME et collectivités, qui ne pouvait être présent lors de la soirée de gala, a complété les dotations par l'intermédiaire de sa fondation avec un chèque de 3 000 €. L'évènement organisé par Rémi Reibel aura donc permis à France Rein de récolter un total de 9 000 € versés sur son fonds de recherche et de prévention de l’insuffisance rénale chronique.
Chaque geste compte pour défendre la recherche en néphrologie et la prise en charge des patients. Rappelons que France Rein, reconnue d’utilité publique depuis 1991, est habilitée à recevoir des dons, legs et libéralités (assurances vie, etc.) exonérés de droits de succession et de mutation, en application de l’article 795 du Code Général des Impôts. Tout don fait l’objet de l’émission et de l’envoi d’un reçu fiscal. 66 % du don est déductible des impôts dans la limite de 20 % du revenu imposable. Exemple : un don de 1 000 € ne coûtera que 340 €.
www.francerein.org/agir-ensemble/faire-un-don/
Focus
Une nouvelle équation d’estimation de la fonction rénale pour les transplantés
Le débit de filtration glomérulaire (DFG) est le reflet de la fonction rénale. Il est notamment primordial dans le dépistage de la maladie rénale chronique. On le calcule par le biais de formules qui incluent, en plus du taux de créatinine contenue dans le sang, des paramètres anthropométriques comme l'âge, le sexe, le poids, l'ethnie, etc. Différentes formules sont utilisées en fonction du contexte clinique. En l'absence de données ethniques (elles sont interdites dans plusieurs pays de l'UE), l'équation européenne EKFC a le défaut de considérer tous les patients comme Caucasiens.
L'une des dernières en date, la CKD-EPI 2021, qui a été conçue pour que le facteur racial n'apparaisse plus, a été développée pour les porteurs de reins natifs et n'est donc pas performante pour les patients greffés du rein. Or, les receveurs de rein ne partagent pas les mêmes caractéristiques que les patients avec des maladies rénales chroniques non transplantés. Il était nécessaire de développer une équation d’estimation du DFG spécifique aux patients transplantés pour permettre une prise de décision clinique optimale et mieux lutter contre l’échec de greffe. C'est désormais chose faite grâce au travail des équipes du Service de Néphrologie-transplantation rénale adultes de l’hôpital Necker – Enfants malades AP-HP, de l’Inserm et d’Université Paris Cité1, et du Paris Institute for Transplantation and Organ Regeneration, coordonnées par le Pr Alexandre Loupy et le Dr Marc Raynaud.
La nouvelle équation est le fruit d'une recherche internationale impliquant 14 centres de greffe, trois essais cliniques et plus de 15 000 patients.
« Nous avons validé extensivement cette nouvelle équation dans de nombreux centres de greffe français, italiens, danois, croates, néerlandais, australiens, américains, etc. » explique le Dr Marc Raynaud, mathématicien et directeur scientifique au sein du Paris Institute for Transplantation and Organ Regeneration.
« Nous avons veillé à ce que cette équation soit applicable à n’importe quelle personne transplantée du rein dans le monde. » La nouvelle formule devrait significativement améliorer le suivi et la gestion des patients transplantés du rein.
Cela peut vous intéresser
Dossier
Intelligence artificielle